Filandière !
Il y a quelques années (heu... en fait... un peu plus que quelques années) (le temps passe vite quand on s'amuse), en bonne tricoteuse-curieuse, je me suis offert un rouet pour pouvoir découvrir un peu ce qui se passait en amont de la pelote à tricoter. J'en avais parlé à l'époque sur mon ancien blog, d'ailleurs.
J'ai appris à "filoter" plus que filer, toute seule, en regardant des vidéos sur internet. Ma tante, fileuse et tisserande en plus de ses talents de potière et céramiste m'avait aussi montré la technique et ensuite je me suis entrainée seule quand j'avais le temps. C'est à dire pas souvent ces dernières années vu que ma vie était un peu beaucoup une course folle.
Et puis il y a quelques semaines j'ai été prise d'une envie soudaine de refaire marcher mon rouet et je me suis aperçue que je n'arrivais pas à filer comme je le voulais, je trouvais mes fils irréguliers, pas propres et j'avais l'impression que mon rouet était devenu un peu bourrin.
Donc je me suis inscrite à un stage de filage en Bretagne, à la fin du confinement. Pourquoi en Bretagne ? Parce que ça n'était pas trop loin et que je pouvais dormir au Petit Paradis puisque mon père n'y est pas en ce moment.
J'ai contacté une dame adorable qui est filandière professionnelle et dont l'époux est feutrier, Brigitte et Bruno, B&B pour les amis.
Ils ont un petit élevage familal d'alpagas avec un mâle, deux femelles et leurs petits dont ils filent et feutrent les toisons. Ils filent également du shetland, ainsi que du mérinos mais ce dernier de moins en moins car ils n'arrivent plus à tracer les laines. Or la traçabilité est très importante pour eux car le secteur de la laine aussi s'est industrialisé avec des mélanges de laines et de toisons chez des grossistes par des éleveurs de masses chez qui les animaux sont maltraités. De ce fait, ils ne travaillent pratiquement plus de laine en provenance d'Australie par exemple.
J'ai bien aimé leur démarche.
Brigitte étant elle-même personne vulnérable au covid-19 m'a reçu avec toutes les précautions requises et j'ai passé 3 jours vraiment super chez eux à ré-apprendre à filer correctement.
Cela m'a obligée à revoir ma gestuelle qui n'était pas correcte, donc à désapprendre puis réaprendre les gestes corrects (pour les connaisseurs, j'avais tendance à "envoyer" de la mauvaise main). J'ai aussi nettoyé les toisons, cardé la laine et même assisté à la tonte des alpagas car le tondeur s'est annoncé à l'improviste le dernier jour.
J'ai également pu essayer tous les rouets de Brigitte et je me suis aperçue que si je trouvais mon vieux Louet un peu bourrin... c'est parce qu'il l'était devenu pour moi au fur et à mesure que je pratiquais.
En fait, c'est un rouet idéal pour débuter car sa roue pleine est assez lourde, mais avec la pratique, j'étais réellement plus à l'aise avec un rouet à double pédale et roulement à bille.
Je l'ai donc mis en vente pour financer le prochain rouet, que Brigitte m'a confié et qui se trouve être un modèle plus adapté à mon filage plus confirmé aujourd'hui. J'aurais bien conservé mon petit Louet mais on n'a rien sans rien et je voulais vraiment acheter ce nouveau rouet.
C'est un modèle neuf de la marque Kromski qui est vendu à prix totalement rédhibitoire habituellement (surtout pour moi ce mois-ci vu que je viens d'offrir de nouveaux amortisseurs et des pneus arrière à ma voiture) mais que j'ai pu avoir à moitié prix car la personne qui l'avait laissé en dépôt-vente chez Brigitte arrête son activité de revendeuse et me l'a fait au prix coûtant. Il est encore brut et je dois donc m'atteler d'abord à le poncer à la laine d'acier et lui passer petit coup d'huile de lin histoire de le protéger.
Me voici donc vraiment filandière ou en tout cas réellement plus qu'avant !