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KaMaïa au FarWest
14 novembre 2020

D'un bout à l'autre

d un bout a l'autre

(billet antidaté)

Je dois bien admettre que je ne pensais pas que c'était possible, d'aller d'un bout à l'autre de ma ceinture.
A dire vrai quand je l'ai achetée, j'avais dû percer deux trous supplémentaires pour l'agrandir. Là je vais devoir en percer de nouveaux à l'autre extrémité parce qu'elle sera bientôt trop grande...

Tout a commencé en novembre de l'an dernier, quand j'ai fait LA poussée d'hypothyroïdie de trop.
Déjà, celle-ci était carabinée parce que je l'ai sentie (d'habitude elles sont asymtomatiques, excepté la prise de poids juste après - et bim ! +5 kilos en 7 jours !- et la fatigue) (mais la fatigue étant un état chronique chez moi, ça n'est plus un signe d'alerte depuis longtemps).

Non, là j'avais tellement mal à la gorge que je n'arrivais même plus à avaler ma salive et les anti-douleur étaient totalement inefficaces. Et la balance a été implacable en m'annonçant + 8 kg au terme de cette poussée. J'ai pris un RV en urgence chez mon endocrino (en urgence = dans 1 mois, donc) et entre temps je me suis d'office auto-augmenté mon dosage de Levothyrox puisque je savais que de toutes façons j'aurais droit à la dose supérieure une fois que j'aurais eu la consultation. Ce qui a été le cas, d'ailleurs.

Lors de cette consultation j'ai fondu en larmes et j'ai supplié mon endocrino de faire quelque chose, que j'avais pris 35 kilos (TRENTE-CINQ PUTAIN DE KILOS) depuis 10 ans à cause de l'hypothyroïdie, kilos qui se sont ajoutés aux kilos de chimio, que j'avais doublé (!!) le poids de mes 30 ans, que j'étais en obésité de grade III, que je commençais à avoir du mal à effectuer certains gestes simple du quotidien, que je crachais mes poumons sur mon vélo en allant travailler et que j'avais peur de ce qui se passerait si on ne faisait rien, que l'obésité était un facteur favorisant certains cancers ce qui me terrifiait, que dans 10 ans j'en serais où ?  à 140 kilos ? en fauteuil roulant ? en invalidité ?
J'avais besoin d'aide. S'il vous plait. Faites quelque chose.

Elle m'a redit d'un air navré que c'était une maladie compliquée, que les dosages étaient complexes à trouver et à maintenir, que des causes insignifiantes ou méconnues pouvaient tout détraquer, que la médecine ne savait pas prévenir les poussées, ni les enrayer, et que finalement la seule chose qu'elle pouvait éventuellement faire, c'était de me faire hospitaliser.
Pendant un mois complet.
En centre de suivi de l'obésité.

Elle m'a dit de ne pas en attendre de miracle, que j'allais doucement rigoler avec les séances d'"Activité Physique Adaptée" vu que je serais "avec des gens qui ne bougent plus de leur fauteuil alors que je sais que vous êtes active", et que les cours de cuisine diététique allaient me barber "parce que je sais que le problème n'est pas alimentaire chez vous".
Que c'était tout ce qu'elle pouvait me proposer.
Mais elle a ajouté aussi que ce serait surtout un moyen de casser le rythme, être hospitalisée un mois, ça voulait dire moins de boulot, ne plus courir partout, plus de temps pour moi, plus de temps pour me reposer.
J'ai accepté et elle a envoyé la demande d'hospitalisation dans la foulée.

Quelques jours plus tard, la Cadre de santé du centre m'a appelée pour fixer la date et me demander si j'avais des allergies alimentaires.
J'ai dit que je ne mangeais pas de gluten qui est à éviter absolument dans les maladies auto-immunes et la cadre de santé m'a répondu "ah ? Mais on ne fait pas ça ici, le régime sans gluten".
J'avoue que ça m'a donné de gros doutes sur les compétences professionnelles de cette équipe. Un centre, entre autres de suivi alimentaire, qui ne faisait pas de sans gluten ?!?
Mais bon, je gardais en tête le côté "temps pour moi/déconnexion du quotidien/cassage du rythme" donc j'ai dit OK on verra bien.

Je devais être hospitalisée le 24 mars. Autant dire que le premier confinement a joyeusement envoyé valser mon planning d'hopital. MAIS  le confinement ayant stoppé net la course folle qu'était ma vie quotidienne, l'effet cassage du rythme et repos a été une réussite quand même. Finalement j'ai été hospitalisée fin août.

suite royale

La suite royale avec balcon dans ce centre un peu vieillot et pas hyper glamour s'est quand même révélée pas si mal que ça. Le parc également était très sympa, malgré la sensation d'être incarcérée.

dans le parc

levee d ecrou

La première semaine, excepté une permission de sortie pour accompagner CF4 pour sa rentrée scolaire et la présence aux ateliers obligatoires, je n'ai fait QUE dormir.
En vérité, j'en avais besoin, sans en avoir conscience. J'avais pourtant enchainé cette hospitalisation à la fin de mes vacances d'été, j'aurais dû être reposée...mais en fait pas du tout. Vu combien j'ai dormi, dormi et encore dormi, et surtout l'état "défatiguée" dans lequel je me suis sentie après, clairement c'est une chappe de plusieurs années de fatigue que j'ai évacué cette semaine-là.
Et à la fin de la semaine, j'avais perdu 3 kg.

Ce qui m'a à la fois surprise et épatée. Surprise parce que je n'avais clairement pas dépensé mes calories quotidiennes habituelles vu que j'avais dormi tout le temps, et épatée parce que pour la première fois depuis des années, la balance montrait une baisse.
Sincèrement je ne pensais pas que c'était possible.
Surtout dans un endroit où l'Activité physique se résumait à faire des moulinets avec les bras assise sur un siège surdimensionné (eh oui, les sièges sont adaptés à des séants monumentaux), ou à faire 4 allers-retour de couloir (25m x 4 ! Hourra !) ou encore à faire 20 minutes de vélo elliptique ou de vélo à bras (si ça existe, c'est un genre de manivelle où on pédale avec les bras) bref dans un endroit où clairement j'allais avoir beaucoup moins d'activité qu'habituellement.
Sur le plan alimentaire, ben... c'était de la bouffe d'hopital quoi !
Menus diabétiques, mais j'avais le droit de sucrer les yaourts au vrai sucre, vu que je lui ai quasiment fait une crise d'hystérie quand la diététicienne a parlé d'édulcorants alors que c'est cancérigène. Et surtout elle a fait l'effort méritoire de me retirer le gluten partout où elle pouvait le faire. Du coup je lui ai fichu la paix sur le fait que je ne consommais pas non plus de produits laitiers de vache et j'ai mangé les yaourts et les fromages qui m'ont été servis en me disant qu'une fois sortie, je reprendrais mes laitages végétaux ou brebis. Donc j'avais amené mon propre pain sans gluten et sur les plateaux-repas, quand mes collègues de galère avaient des pâtes, moi, j'ai mangé du riz et de la purée pendant un mois.
Je me suis un peu lassée (heureusement les légumes étaient variés, et bons) mais je n'ai jamais eu faim, je n'ai jamais eu de frustration. Et je mangeais une barre de chocolat tous les jours parce que, quand même, le chocolat c'est la vie !

Par contre, j'ai réalisé que si habituellement je mangeais équilibré, en termes de quantités, je mangeais à peu près 2x ce qui m'était servi à l'hopital.

Donc un nombre de calories correct pour maintenir mon poids mais pas pour perdre puisque je suis en hypo-métabolisme du fait de mon hypothyroïdie. Cela expliquait qu'en temps ordinaire, mon poids était parfaitement stable (je n'ai PAS grossi pendant le confinement), mais qu'en pleine poussée avec ma thyroïde qui réduisait encore mon métabolisme de base, je pouvais me retrouver sans manger plus à 1200/1500 cal de trop par jour... et prendre 5 kg en une semaine.

Quand j'ai été défatiguée je me suis mise à marcher. Je pense que j'ai exploré le parc dans ses moindre recoins.

pas a pas

J'ai même fini par avoir très mal aux pieds et je me suis racheté des baskets pendant une permission de week-end parce que clairement, celles que j'avais ne tenaient pas la distance.

Mais à la sortie, j'avais perdu 8 kg et surtout eu des conversations édifiantes et éclairantes avec le médecin chef du service.
Alors lui, je l'aime d'amour ! Parce que d'abord, il m'a crue quand je lui disais que j'étais mince avant. Que ça n'était pas ma faute si j'avais grossi (oui je sais, l'obésité est une maladie et ça n'est jamais de la faute de la personne obèse si elle est obèse mais je craignais qu'il ne pense et juge sur ma silhouette et non sur ma parole). Non seulement il m'a crue (en même temps je lui avais amené des photos "d'avant" tellement j'étais persuadée qu'il ne me croierait pas) mais il m'a écoutée attentivement lui raconter mon absence de problèmes de poids jusqu'à 30 ans, ma taille 38 standard après 3 enfants au point que je n'essayais même pas les vêtements que j'achetais : je prenais un 38 dans le rayon et j'allais payer directement car je savais qu'il m'irait, ma perte de poids suite au cancer, ma prise de poids suite à la chimio, puis l'hypothyroidie apparue au moment où mon mariage a sombré, puis la prise de poids lors des poussées.
Il a compris ce frein psychologique qui m'avait empêchée de démarrer efficacement le moindre régime, voire de me dépêcher de reprendre le poids perdu, puisqu'il fallait que je conserve absolument une réserve de kilos disponibles à perdre au cas où je ferais une récidive cancéreuse puisque c'était LE truc qui avait alerté la fois d'avant (ça a été le truc le plus difficile à détricoter, je suis encore dessus d'ailleurs, à chaque palier un peu touchy de mon histoire pondérale).
Il m'a confirmé qu'effectivement c'était une maladie qu'on maitrisait très mal, que dans mon cas elle avait évolué à bas bruit durant des années si bien qu'au stade où j'étais quand j'ai été diagnostiquée j'avais une thyroïde qu'on ne voit plus que dans les bouquins de médecine, que j'aurais presque dû avoir un traitement immuno-suppresseur pour passer la crise, que les poussées n'étaient hélas ni prévisibles, ni évitables et que malheureusement je ne récupèrerais certainement pas cette silhouette là :

plage

Eté 2001 - avec CF2 - taille 38

Encore moins celle-ci:

noel

Noël 2003 - 1ère cure de chimio - taille 36
(oui les photos sont pourries mais je n'ai pas mieux)

J'ai dit que je n'en demandais pas tant, déjà trouver ma taille dans les magasins et ne plus être obligée de m'asseoir pour enfiler mes chaussures ni être au bord du malaise quand je monte un peu vite l'escalier de ma maison serait déjà super.
Mais il m'a dit qu'il était peut-être possible d'adapter mes prises alimentaires à mon (hypo-)métabolisme et de faire en sorte de perdre une partie de ce surpoids. Pas tout et que ce serait une discipline à vie, mais que les résultats obtenus étaient encourageants, mon corps n'ayant pas été déréglé par des régimes à répétition.
OK ces kilos étaient arrivés "tous seuls", sans que j'y contribue, MAIS je pouvais faire quelque chose pour les perdre entre deux poussées et me stabiliser à un (sur)poids raisonnable.
La preuve, je réagissais très bien à la prise en charge et je perdais du poids. Même trop. Pour lui, perdre 8 kg en un mois c'était trop et il fallait s'assurer que je n'étais pas dénutrie... Hahaha ! Heureusement que je m'accordais une barre de Crunch tous les jours, hein, sinon ça aurait été pire !

Bref je suis sortie au bout d'un mois avec l'espoir que peut-être, j'arriverais à me maintenir sur cette lancée. J'ai repris mes habitudes alimentaires habituelles avec le seul changement que j'ai installé un appli de gestion de calories qui s'appelle Yazio et qui m'a calculé toute seule mon métabolisme de base. Je rentre ce que je mange, ça calcule tout seul et je dois faire attention à simplement ne pas dépasser mon total de la journée. Au début je pesais parce que je n'avais aucune mais alors aucune idée de ce que pouvaient représenter 60 g de riz ou 120 g de légumes, mais maintenant je n'en ai plus besoin et je fais à l'oeil.
Je continue à marcher. Et je monte régulièrement sur mon trampoline ou sur mon vélo élliptique (plus souvent sur ce dernier d'ailleurs puisque cela me permet de regarder une série en même temps).

Et ça marche.
J'ai perdu le tiers du poids total qu'il "faudrait" que je perde mais déjà je trouve ma taille dans les magasins, j'attache mes baskets en me baissant, et je peux grimper mon escalier en courant maintenant.

Alors je continue.
Et je mange toujours du chocolat tous les jours.

 

 

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Commentaires
M
Comme tu dois être heureuse d'avoir compris ce mécanisme de défense. Je te souhaite d'arriver à ton objectif et de te stabiliser. Perso, je suis au début de mon chemin. Je commence à réaliser que j'ai trop pris et a essayer de comprendre pourquoi.
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